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photos et vidéos de soldats sur le terrain. ce blog n'a pas pour but de glorifié la guerre.
 
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 coté viet-minh

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otomo68
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MessageSujet: coté viet-minh   coté viet-minh EmptyMar 26 Juil - 22:47

Dien Bien Phu raconté par Giap
L'article qui suit a été publié dan le numéro 386 de janvier 1955 du mensuel "Regards", journal très proche du Parti Communiste Français et plus que critique sur la guerre d'Indochine.

Citation :
L'opinion publique française n'a jamais eu connaissance de la version vietnamienne de ce qu'on a appelé "la tragédie de Dien Bien Phu". Nul plus que le général Giap lui-même ne nous a semblé plus qualifié pour nous exposer le point de vue du Haut Commandement de l'Armée populaire vietnamienne dont il est le chef suprême. Le récit qu'il nous a fait et que l'on trouvera ci-dessous présente donc une incontestable valeur documentaire.


Très modestement vêtu d'une légère tenue de toile kaki claire, ne portant ni grade, ni décoration, chaussé de brodequins de cuir jaune, tel nous est apparu ce 20 novembre 1954 le général Vo Nguyen Giap. Docteur en droit, ex-professeur d'histoire et de géographie à l'Ecole Thang-Long d'Hanoï, Giap assume depuis neuf années la direction de cette armée populaire vietnamienne qu'en France certains s'obstinent encore à appeler l'armée vietminh, ou bien l'armée "viet" en essayant de teinter ce dernier mot d'un sens péjoratif qu'il n'a d'ailleurs pas, ou bien enfin (jusqu'aux accords de Genève) l'armée "rebelle". Le jeune généralissime (il est né en 1912) nous accueille sur le seuil de l'ancien "Hôtel de la Concession", vieil édifice construit en 1874, un an à peine après la première occupation d'Hanoï par l"armée française. Nous pénétrons dans une pièce superbement meublée et tendue de rideaux et de gaze orange. Ce confort nous étonne, et Giap, saisissant notre surprise, nous précise en riant que nous sommes dans la seule pièce meublée de cet immeuble, les soldats du Corps Expéditionnaire ayant fait le vide en se retirant ; ici, comme en beaucoup d'autres endroits. Le général est d'une taille un peu en dessous de la moyenne. Son visage est énergique, très mobile, tantôt dur, tantôt ouvert d'un large sourire.

-Pourquoi le Corps Expéditionnaire est-il allé à Dien-Bien-Phu ? demande Giap pour commencer. Le général Navarre avait un plan de conduite de la guerre qu'inspirait les directives de Washington. Dulles et Bidault avaient parlé de finir la guerre en dix-huit mois, Dien-Bien-Phu étant une des pièces maîtresses de leur plan.

Dien-Bien-Phu est un point stratégique très important, disposant de l'un des plus grands aérodromes du Sud-Est asiatique. Les Japonais et les Américains avaient déjà envisagé de faire de cette base une place forte dont l'intérêt stratégique aurait été indéniable. Le Corps Expéditionnaire y est allé tout d'abord pour couvrir le Laos et réoccuper le nord-ouest du Viet-Nam ainsi que Na Sam. Ce plan réalisé, l?adversaire disposait d'une base aérienne et terrestre qui pesait lourdement sur nos arrières et obligeait nos forces à se disperser, à se partager entre le delta et Dien-Bien-Phu. Ce premier succès acquis et consolidé, le Corps Expéditionnaire pouvait alors, à partir de ces deux points, lancer son attaque décisive, en tenailles, contre nous. Et nous n'épiloguerons pas ici sur l'utilisation éventuelle de Dien-Bien-Phu en cas d'extension du conflit.

Les meilleures troupes aéroportées sont donc envoyées à Dien-Bien-Phu et, pour ce faire, le delta est en partie dégarni. En partie seulement, l'adversaire attendant notre réaction. Mais nous n'attaquons pas car il dispose encore de puissantes réserves qu'il pourrait jeter dans la bataille. Notre effort se porte dans une autre direction. En trois jours, les troupes laotiennes, aidées par les volontaires vietnamiens, atteignent le Mékong, menacent Savanaket et Seno. Des renforts du Corps Expéditionnaire y sont envoyés de toute urgence. L'armée populaire attaque aussi à Lai-Chau où la garnison subit de lourdes pertes. Nos troupes attaquent également dans la cinquième zone (Sud-Annam) et, enfin, les volontaires vietnamiens, de concert avec les forces laotiennes, font mouvement sur Louang-Prabang et parviennent à quelques kilomètres de la ville. Dien-Bien-Phu est à ce moment-là complètement isolée et les réserves de Navarre sont dispersées à Louang-Prabang, à Savanaket, dans le sud. Mais le commandement français pense que c'est la fin de la "marée offensive du Viet-Minh" et il ordonne la contre-offensive. Il reprend la ville de Qui-Nhon (Sud-Annam). Le lendemain, nous attaquons Dien-Bien-Phu.

Les Français n'étaient pas au courant de nos intentions et Navarre pensait que Dien-Bien-Phu était imprenable pour les raisons suivantes :

Il s'agit d'un centre de résistance puissamment organisé en points d'appuis et groupes de points d'appuis d'un type supérieur à Na-Sam et disposant d'une artillerie très forte. Les réserves peuvent venir par avion. De son côté notre infanterie doit être tenue à distance par les bombardements massifs de l'artillerie et de l'aviation, et notre propre artillerie ne peut pas atteindre les centres vitaux du camp retranché (terrain d'aviation, dépôts) à cause de son éloignement. On se souvient que le camp retranché proprement dit avait treize kilomètres de long sur six de large. L'état-major adverse pensait d'ailleurs que nos canons ne pourraient pas être amenés, la région étant dépourvue de routes praticables ; et pour cette même raison, notre ravitaillement devait s'avérer très difficile sinon impossible. Enfin, l'ennemi dispose, pour dépister nos préparatifs, des moyens les plus modernes. Le commandement du Corps Expéditionnaire compte que nos divisions vont venir se briser sur le camp retranché ; il entend cette fois, comme il dit, "casser du Viet".

C'est un raisonnement logique, mais d'une logique formelle. Nous construisons des routes, nos soldats se camouflent bien et nous réussissons à améliorer notre ravitaillement. Nos soldats et notre peuple font preuve d'un grand esprit de sacrifice.

Nous avons commencé par attaquer le secteur nord dans lequel, il y avait le point d'appui le plus solide, tenu par un bataillon de la Légion étrangère. L'adversaire a tiré 30.000 coups de canon, c'est-à-dire le tiers de ses munitions. D'un côté, l'ennemi était surpris de cette attaque soudaine, mais de l'autre, il disait que nous avions subi de très lourdes pertes et que nous ne pourrions plus continuer. On a donné sur nos pertes des chiffres fantastiques mais faux.

Ce fut la première phase.

La seconde comprenait l'attaque des cinq collines situées à l'est du camp retranché. Nous en prîmes trois et la moitié de chacune des deux autres. En même temps, nous encerclions le bastion central et l'isolions du sud. Cette seconde phase comportait aussi la neutralisation et l'occupation de l'aérodrome dans le but de couper le ravitaillement de l'adversaire.

La troisième phase comportait l'attaque de ce qui restait des deux collines et l'assaut général.

Quels enseignements à tirer de cette bataille ?

L'esprit combatif de nos troupes a été la plus grande surprise pour le commandement français. Nos troupes ont résisté aux privations. Certains contingents venaient du delta et avaient fait aussi la campagne du nord-ouest. Dans des conditions de ravitaillement difficile, elles poursuivaient le combat. Le commandement français ne pouvait pas imaginer cela.

Nous avons résolu le problème de l'approche par les tranchées. Les positions françaises étaient enterrées, mais tout autour les nôtres l'étaient aussi. Nous avions des centaines de mètres de tranchées. Les lignes adverses étaient souvent très près les unes des autres. Le Corps Expéditionnaire s'employait à détruire nos tranchées avec des équipes spéciales et les bombardements au napalm de jour et de nuit. Les collines autour de Dien-Bien-Phu n'avaient plus de chaume, mais nous avions peu de pertes ; nous en avions prévu beaucoup plus. Les bombardements s'avéraient donc inefficaces contrairement à ce que prétendait l'adversaire qui parlait de milliers de "Viet-Minh" brûlés.

Au fur et à mesure que nos tranchées descendaient dans la plaine, cela devenait dramatique pour nous parce que jusqu'ici, en Indochine, jamais nous n'avions pu nous mettre en position en rase campagne pendant le jour. Nous avons poursuivi néanmoins de jour et de nuit nos opérations d'approche et, à mesure que les tranchées se rapprochaient du camp, l'action de l'aviation devenait plus difficile. A un moment donné, nous avons pu concentrer nos feux sur le centre sans être gênés ni par l'aviation, ni par l'artillerie ennemies, tandis que nos 75 pouvaient tirer à vue.

Nous avons disposé d'une artillerie et d'une D.C.A. pas très fortes mais tirant bien, et disposant de bonnes positions. Nos pertes ont été beaucoup moins lourdes que nous ne le pensions du fait d'un dispositif spécial que nous avions adopté pour nos pièces. Notre artillerie a beaucoup étonné les Français.

En ce qui concerne le ravitaillement, nous avons réussi à gêner et à couper celui de l'adversaire, tandis que nous maintenions le nôtre. A Dien-Bien-Phu, le ravitaillement du Corps Expéditionnaire reposait sur son aérodrome. Quand nous avons été à portée de canon de celui-ci, nous l'avons pris sous le feu de nos pièces ; puis nous nous en sommes emparé et l'avons sillonné de tranchées. L'aviation a changé à plusieurs reprises ses tactiques de parachutage. Mais bientôt le camp retranché n'eut plus que 1km200 sur 800 mètres, et le quart, puis le tiers, puis la moitié des parachutages tombèrent entre nos mains et servirent à l'approvisionnement de notre propre artillerie.

Le Corps Expéditionnaire enregistra donc une surprise stratégique : il croyait que nous n'attaquerions pas et nous attaquions ; et une surprise tactique : nous résolvions les questions de l'approche, de l'artillerie et du ravitaillement.

Ce fut une bataille décisive, mais pas dans le sens espéré par Dulles et par Bidault. C'était aussi la fin du fameux plan de 18 mois. Vous savez comment s'est terminée la bataille : le facteur décisif a été l'esprit de sacrifice et l'esprit combatif de notre armée, et aussi les encouragements et l'aide qu'elle a reçus de l'arrière.

Nous avons pu vaincre et remporter des succès parce que nous avons le peuple avec nous, parce que nous faisions une guerre juste et que nous avons été aidés par la population. Les généraux français sont de bons généraux, ils ont remporté bien des victoires en Europe. Mais ici ils ont mené une guerre coloniale, injuste, et ce n'est pas le talent d'un Tassigny, d'un Leclerc qui sauve une guerre injuste. Bien au contraire, c'était cette guerre injuste qui perdait de bons généraux français.

Un peuple qui se bat pour une cause juste est invincible.
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